jeudi 25 octobre 2007

At the bach

bach: small holiday home, pronounced "batch"

Le bach est a la culture kiwie ce que la boulangerie est a la culture francaise: synonyme d’odeurs, de memoires d’enfance, de rituels, de valeurs et de traditions profondement ancrees dans le psyche de chaque personne.

Le bach est en general au bord d’une des jolies plages qui bordent les quelques 15 000 kms de cotes de l’ile du Nord ou de l’ile du Sud (bien que pour etre tout a fait exacte, ils appellant un bach un crib dans l’ile du Sud!).

Traditionnellement, il a ete construit de bric et de broc dans les annees 50 ou 60, comporte 1 a 3 petites pieces et un minimum de confort pour passer des vacances estivales en famille ou entre amis.

Plusieurs elements- cle doivent etre presents pour pouvoir etre qualifie de bach: un barbeque, une douche exterieure, un banc pour ecailler le poisson fraichement peche, eventuellement quelques kayaks de mer ou meme un petit bateau.

Les meubles sont souvent de seconde main ou bricoles maison, on trouve souvent un grand deck cote mer ou l’on prend tous les repas.

Le bach est devenu un luxe de nos jours ou les prix de l’immobilier ont litteralement explose ici pour rattraper le reste du monde apres un retard tres net. L'utilisation du mot a aussi evolue, incluant parfois de veritables demeures secondaires somptueuses que les puristes n’acceptent pas de designer ainsi. Fair enough comme on dit ici.

Nous avons passe le weekend dans un bach, un vrai de vrai, et je me disais en prenant quelques photos que c’est une des nombreuses choses qui me manqueront enormement de retour en France…

mercredi 24 octobre 2007

1917

Elle a grandi dans une ferme ou ses parents etaient ouvriers, dans un petit village de Saone et Loire. Elle etait la premiere fille, apres 6 garcons. Une autre fille est nee, 2 ans apres. Elles avaient un petit agneau apprivoise appellee Nenette que l'on voit a cote des 2 soeurs sur l'une des rares photos de l'epoque.
Elle a quittee l'ecole a 12 ans, comme tout le monde. Je suppose qu'elle travaillait a la ferme ensuite. Entre les animaux, les recoltes, les lessives au lavoir du village il y avait de quoi s'occuper.
Elle a rencontre son futur mari dans un bal. Il venait de la petite ville d'a cote. Un marechal ferrand, lui aussi issu d'une famille nombreuse mais dont le pere travaillait aux chemins de fers.
Ils se sont maries en 1943, annee morose. Elle avait un tailleur blanc creme tres bien taille et un petit chapeau sur la tete.
En 1944 leur premier enfant est ne. Le garcon est arrive 6 ans plus tard et enfin une seconde fille en 1953.

Juste apres la naissance du premier enfant, ils se sont installes dans un petit appartement dans la petite ville. L'atelier etait au bout de l'arriere cour, c'etait pratique. Les trois enfants etaient doues a l'ecole. La petite entreprise avait un peu de mal alors que les voitures remplacaient les chevaux petit a petit.

Le 31 decembre 1963, elle a vu mourir son mari dans la petite cuisine qui surplombait l'arriere cour. Ils ont le coeur fragile dans cette branche de la famille, ce fut foudroyant. La fille ainee dut abondonner ses reves de devenir chimiste et partir directement a l'ecole normale, pour toucher un salaire d'institutrice et subvenir aux besoins de la famille. La petite continua l'ecole. Le fils lui, dut quitter ses bancs pour devenir apprenti a l'usine locale. Termine Dostoyevsky, a lui les 40h a la chaine et les blagues grossieres de ses collegues.

Elle dut aussi trouver un travail, pour la premiere fois de sa vie. Elle devint aide a la cantine du college. Les enfants l'adoraient.

En mars 1989, en allant etendre son linge dans le grenier, elle a trouve son fils allonge dans une mare de sang. Il s'etait tire un coup de fusil dans la bouche. Il a survecu grace a de nombreuses operations et une longue psychotherapie et alors qu'il commencait a aller vraiment mieux, lui aussi est mort d'une crise cardiaque devant elle un matin de mars 1992, dans la petite cuisine en formica.

Elle a eleve sa deuxieme petite fille, celle de sa fille cadette mere celibataire un peu depressive, dans ce meme appartement sans confort, avec les toilettes sur le palier et le papier peint a fleurs. Le poele a charbon a ete remplace par des convecteurs electriques dans les annees 90 et une petite salle de bain a ete ajoutee a ce moment la aussi.

Aujourd'hui, on a resilie le bail. Les affaires sont triees, vendues, donnees. Les meubles de peu de valeur partent chez Emmaus. Toute une vie de souvenirs balayee.

Elle ne veut meme pas y retourner une derniere fois. Elle n'y a pas mis les pieds depuis sa chute du mois de mars. Elle se laisse porter un jour apres l'autre, se laisse reprimander comme une enfant de 4 ans par sa fille et son beau-fils et passe de plus en plus de temps au lit, dans cette maison qui n'est pas la sienne a quelques 80 km de chez elle. Pour la premiere fois elle veut commander des fleurs pour la tombe de son mari et de son fils plutot que d'y aller pour la Toussaint.

Ma grand-mere a 90 ans et plus rien devant elle. Je lui souhaite de partir le plus vite possible.

jeudi 18 octobre 2007

Juan the smuggler

Juan comes up to the Mexican border on his bicycle. He has two large bags over his shoulders. A guard stops him and says, "What's in the bags?"
"Sand," answered Juan.
The guard says, "We'll just see about that. Get off the bike."
The guard takes the bags and rips them apart; he empties them out and finds nothing in them but sand. He detains Juan overnight and has the sand analyzed, only to discover that there is nothing but pure sand in the bags. The guard releases Juan, puts the sand into new bags, lifts them onto the man's shoulders and lets him cross the border.
A week later, the same thing happens. The guard asks, "What have you got?"
"Sand," says Juan.
The guard does his thorough examination and discovers that the bags contain nothing but sand. He gives the sand back to Juan, and Juan crosses the border on his bicycle.
This sequence of events repeats every day for three years. Then one day, Juan doesn't show up. The guard meets up with him in a cantina in Mexico.
"Hey, buddy," the guard says, "I know you're smuggling something. It's driving me crazy. It's all I think about. I can't sleep. Just between you and me, what are you smuggling?"
"Bicycles," Juan says

mercredi 17 octobre 2007

BALANCED WEEKEND


Dimanche soir je me sentais heureuse et epanouie, pour la premiere fois depuis longtemps.

Vendredi matin "top efficiency": j’avais fait plein de machines, depose les bequilles a la pharmacie, les livres a la bibliotheque, achete mes petits produits bio au nouveau magasin Huckleberry Farm avec Little Poppet tout guilleret qui trottinait a mes cotes.

Vendredi midi "let's do things differently": on a fait un pique-nique dans le jardin avec LP qui a adore la nouveaute du lieu.

Vendredi après-midi "socializing": j’ai recu mes copines de coffee group* avec leurs toddlers respectifs, chaos dans la maison car il y avait averse mais c’etait tres chouette de se retrouver et de voir les enfants jouer ensemble apres une longue pause sans se voir.

Samedi matin "for me and a bit for the community": enregistrement de l’emission de radio, un pur bonheur de retrouver le micro, le casque, l’excitation et le plaisir de boucler une bonne emission et de partager avec E. et S. et en prime de recevoir a travers le mur vitre le beau sourire de l’Argentin qui faisait l’emission hispanique dans le studio d’a cote.

Samedi après-midi "flaning": latte** en famille et en terrasse a Saint Heliers puis atelier pate a modeller et creation de deguisements a la maison pendant que DP faisait de la planche a voile sous un vent a decorner les boeufs..

Samedi soir "costume party": une soiree reussie de nos amis Jeff et Ronie a l’Akarana Yacht Club pour feter leur retour apres 6 mois de voilier entre les iles du pacifique [je sais, ca fait rever!].

Dimanche matin "too bad but let's enjoy the morning" après la defaite sportive francaise une ballade sur le front de mer avec arret obligatoire “toboggans et balancoires” puis petite sieste pendant que DP faisait sa deuxieme session de planche.

Enfin apres-midi "let's get active and have fun at the same time": jardinage a trois – yuk les gros vers de terre que LP voulait manger! – puis une bonne heure a moi seule [DP etait au boulot mais avait emmene LP avec lui] pendant laquelle j’ai cuisine un vrai osso buco en ecoutant a fond la compil’ enregistree pour l’emission de radio en dansant comme une folle dans mon living room (pendant que ca mijotait).

Aaaaaaahhhh, que de petits bonheurs et tant de choses accomplies en 3 jours… D’habitude on en fait 3 fois moins et on se sent 3 fois plus debordes?!


*Coffee group: groupe se formant de maniere officielle entre les mamans d'un groupe de preparation a l'accouchement
**Latte: sorte de cafe au lait mais en dix fois meilleur, typique de la coffee culture kiwie

mardi 16 octobre 2007

COWARDICE

J’ai cette espece de lachete (pourquoi espece d’ailleurs, je devrais dire lachete tout court) qui m’empeche de parler franchement aux gens quand il le faudrait.

- Je n’osais pas dire a la nounou de Little Poppet qu’apres son conge de maternite Finn continuerait a priori d’aller a la crèche au lieu de revenir chez elle car je crains qu’elle ne puisse plus s’occuper aussi bien de lui avec un bebe de 3 mois. Finalement c’est DP qui lui a annonce.
- Je n’ose pas dire a ma femme de ménage que c’est de moins en moins propre et qu’elle ne merite pas l’argent qu’on lui donne chaque semaine (parce que c’est une immigree du Zimbabwe qui etait ingenieur la-bas et que je me sens un peu esclavagiste de l’employer a nettoyer mes toilettes).
- Je n’ose pas dire a mon pere que si mes parents sont au bord du divorce en ce moment c’est franchement de sa faute et qu’il devrait changer son comportement et je n’ose pas dire a ma mere qu’elle a reellement besoin de voir un psy après des annees de depression qui par ailleurs court dans la famille (car je n’ai jamais ose avoir des discussions franches comme cela avec mes parents).
- Je n’ose pas dire a DP tout ce que j’ai sur le coeur (car j’ai peur qu’il refuse la conversation comme d’habitude et que je me retrouve encore plus amere qu’avant).

Je ne sais pas exactement d’ou ca vient. Sans doute de la peur que ces gens ne m’apprecient/m’aiment plus autant après. C’est vrai, je veux que tout le monde m’aime. C’est idiot et impossible. Peut-etre suffirait-il que je m’aime un peu plus moi-meme? Serait-ce la pire des choses si on me trouvait un peu moins “nice” parfois?

Toujours est-il que je me deteste apres chaque tentative avortee. Il faut que je trouve un truc pour franchir le pas...

vendredi 12 octobre 2007

LOST IN TRANSLATION






Francis Huster & Boris Terral


© TF1
Galerie complète sur AlloCiné


Il y a quelques expressions francaises qui me sont impossibles a traduire en anglais. Elles sont systematiquement inherentes aux differences culturelles entre la France et les pays anglo-saxons.

Prenons 2 exemples concrets pour mieux illustrer mon propos:

ténébreux,euse
(adjectif)
Plongé dans les ténèbres. Obscur, sombre.
[sens figuré] Difficile à comprendre. Secret.
Un beau ténébreux: bel homme à l'allure, à l'expression romantiques et mélancoliques.


Mot que j’ai essaye maintes fois de traduire a ma copine Kellie en finissant toujours par employer une periphrase a rallonges insatisfaisante contenant “mysterious, dark skin and dark hair, sexy, a bit dangerous” pour lui expliquer le genre d’hommes qui m’attire instinctivement mais avec qui j’ai toujours eu peur d’aller plus loin qu’un simple jeu de seduction. Cf. Boris Terral dans Post Coitum Animal Triste [ou bien le new guy on the 7th floor working in Corporate Affairs to take an example closer to home … ] Visiblement adjectif peu commun au pays des red and blond heads un chouia trop puritains…

flâner
(verbe intransitif)
Se promener sans avoir de but précis, sans se presser.


La encore j’ai du avoir recours a une description approximative passant par “walking slowly without a clear purpose while enjoying your time and the things surrounding you” [marrant, c'est tres proche de la definition francaise dans le dico alors que je viens juste de la chercher!]. Ici aussi on touche du doigt un cote de la culture francaise par forcement partage par les pays non mediterraneens.

Pour faire passer le message j’ai fini par dire:

Imagine yourself, flaning in the Jardin des Tuileries by a very nice spring morning when suddenly your eyes meet the ones of the most gorgeous Italian tenebreux who in just a second makes your heart beat much, much faster and your fingers tingle with excitement (and lust).

She uses them (en francais s’il vous plait) every so often now and very a propos.

mercredi 10 octobre 2007

A Breath of Fresh Air



Le weekend dernier destination Queenstown, la mecque des sports extremes dans l’ile du sud. Je vous rassure, on n’avait pas prevu de faire faire du bungie jumping ou du speed rafting a Little Poppet mais juste de prendre le bon air des montagnes et de lui faire decouvrir la neige grace a nos airmiles cherement acquises chez Air NZ.

Ca a plutot mal demarre. Pas etonnant me direz-vous si vous avez deja lu ca.

Nous decollons comme prevu a 13h vendredi, mais au lieu d’arriver a 14h20 notre pilote tente en vain 3 atterrissages avant de mettre le cap plus au sud sur Invercargill vers 15h30. Le plan B est donc d’atterrir la-bas puis de prendre un bus pendant 2 heures jusqu’a Queenstown. Me voila deja en train de raler, ca nous fera arriver vers 19h, toute l’après-midi de perdue sur un weekend de 48h!

Vers 16h nous approchons Invercargill mais notre petit avion a helice fait soudainement demi-tour. Je commence a me rejouir tout haut, pensant que l’aeroport de Queenstown nous a finalement donne le feu vert. Notre charmante voisine, proprietaire d’hotels a Queenstown et a Fiji dont elle revient, me presse gentiment le bras pour me dire ”I’m sorry love but I think we’re being diverted to Christchurch".

Effectivement. Pour cause de “small mechanical failure” et de manque d’ingenieurs specialises a Invercargill (faut dire c’est le trou du cul de la Nouvelle Zelande Invercargill, dans tous les sens du terme) nous voici maintenant en direction de la cote est de l’ile du sud. 4h d’aller-retours au-dessus de l’ile du sud plus tard (vues imprenables) nous voila a Christchurch. Queue a l’aeroport pour organiser des billets sur le premier vol du samedi matin et recuperer nos vouchers d’hotel ou nous arrivons vers 18h.

Voici une petite carte car je sens que vous commencez a etre perdus...



Le lever a 5h30 le samedi matin fut un peu rude mais quel bonheur d’arriver enfin a Queenstown et sous un ciel parfaitement bleu.

Malgre un sejour ridiculement court d’environ 30 h nous avons reussi a faire:
- une trentaine de descentes en luge
- un bonhomme de neige
- une bataille de boules de neige (que j’ai gagne il me semble, etant la seule fille je crois que les garcons n’osent pas trop me brutaliser )
- un tour de gondola (c’est comme ca qu’ils appelent les oeufs ici)
- un tour de “luge” (c’est comme ca qu’ils appellent un espece de kart a volant qui glissse sur une pente betonnee… confusing, I know)
- regarder le match de rugby en savourant le mega breakfast buffet
- faire du velo autour du lac

J’avais oublie a quel point ce coin de la Nouvelle Zelande entre lac et montagnes est magnifique. Surtout sous le soleil.

mardi 9 octobre 2007

18-20



Je crois que c'est ancre dans l'humanite depuis la nuit des temps. Il faut choisir son camp...

Avant le match, j’etais persuadee de supporter totalement les All Blacks. C’etait comme une evidence rationnelle [ils sont les meilleurs et meritent de gagner] et emotionnelle [l’anticipation de cette joie, de cette fierte et de cette communion partagee par tout le pays].

Juste avant le match, ces sentiments se sont confirmes avec les hymnes nationaux et le haka dont j’ai deja parle ici.

Pendant le match, attables des 8h du matin au restaurant-bar de notre hotel a Queenstown parmi quelques Australiens de mauvais poil car deja elimines par les Anglais et quelques kiwis, je me suis sentie de nouveau schizophrene. A chaque essai des 2 equipes, j’avais envie de bondir, d’applaudir. Une jubilation veritable et sincere pour chaque equipe, quelque peu deroutante. Mais les 15 dernieres minutes m’ont fait savoir dans quel camp je me trouvais. J’etais aggripee a mon fauteuil [un oeil sur la tele et l’autre sur Little Poppet qui faisait le clown au milieu des telespectateurs pour tuer l’ennui], priant le dieu du rugby pour que les hommes en noir [ou devrais-je dire en gris clair] l’emportent a la derniere minute.

Depuis la defaite, je suis restee incredule, comme si ce n’etait qu’un mauvais reve. Tout le pays est en deuil. La bourse a baisse ce matin, les commentaires accusateurs fusent de partout, et je me fais toute petite au travail.

"DÉJÀ VU" titre le New Zealand Herald ce matin avec une front page completement noire. "C’EST IMMENSE"titrait l’Equipe hier...

jeudi 4 octobre 2007

Looking After Us



Il y a une personne qui est tres importante pour la petite sante de ma famille depuis la naissance de Little Poppet, c’est notre homeopathe.

Elle est assez incroyable, on peut la joindre a toute heure du jour ou de la nuit 7 jours sur 7, on n’a fait qu’une seule visite preliminaire pour LP et moi et depuis on se parle au telephone ou par email et elle m’envoie les remedes par coursier.

Cette premiere session etait assez troublante car elle m’a pose des questions tres personnelles sur mon caractere, mes reves, ca ressemblait presque a une seance chez un psy, avec le background medical familial en plus.

C’est une relation completement differente de celle que je pourrais avoir avec un medecin generaliste traditionnel. Elle nous appelle regulierement, essaie de faire de la prevention le plus possible, et essaie de voir la “big picture” comme on dit ici.

Je lui fais vraiment confiance depuis la premiere otite de LP, quand au bout de 2 jours sous paracetamol sa temperature ne chutait pas en dessous des 39 degres et qu’elle m’a prescrit un remede qui a fait des miracles en moins de 2 heures. Plus de temperature et l’infection a disparu sous 48h sans antibiotiques. Meme DP a mis sa credulite dans sa poche ce coup-ci.

Pour moi elle a reussi a enrayer une serie d’infections urinaires a repetition que mon medecin s’archarnait a traiter avec des doses de plus en plus violentes d’antibiotiques sans aucun resultat a long terme.

Me voila donc maintenant une adepte convaincue.

mardi 2 octobre 2007

Stomach-turning resentment


Je l’ai porte pendant 9 mois. Je l’ai mis au monde, je l’ai nourri de mon corps pendant 10 mois. Je l’aime de plus en plus chaque jour. Je ne me lasse pas des calins et des bisous, des fous rires quand on danse avec la musique a fond ou que l’on joue a cache a cache derriere le canape ou les rideaux, des nouveaux mots avec lesquels il repond parfaitement a mes questions. Je sais que je ne suis pas du tout objective mais je le trouve beau et tres intelligent et tres rigolo.

Je suis celle qui se leve la nuit car j’entends ses moindres cris. Je suis celle qui cuisine ses petits plats, bio et equilibres et qui prepare sa lunch box chaque jour, qui lave ses vetements et les range, qui prend RDV chez le docteur, chez Plunket*, qui paye la facture de la nounou et assure la communication avec son organisation. Le vendredi je l’emmene a la piscine, au zoo, a la ferme, au playground ou au musee. Je range et range et range et range et nettoie derriere lui. Je lis des livres sur les enfants bilingues, sur les differentes facons d’elever son enfant pour essayer de prendre du recul et de faire de mon mieux. J’en discute avec d’autres mamans. Je ne vois plus trop mes copines qui n’ont pas d’enfants, par manque de temps. Je m’etais plus ou moins preparee a tout cela, le role souvent ingrat de la Mere.
Ce a quoi je ne m’etais pas preparee c’etait au role de la mechante penible rabat-joie.

Je suis celle qui chaque matin court partout et pousse au train pour ne pas avoir une demi-heure de retard au travail. Vite, arrete de jouer et viens manger ton petit dejeuner s’il te plait. Non on doit ranger la voiture et mettre les chaussures MAINTENANT. Idem le soir pour qu’il se couche a une heure raisonnable et sans etre surexcite. Idem le weekend pour qu’il puisse faire sa sieste et ne pas etre grumpy le reste de la journee.

Pendant ce temps la, son pere est celui qui fait des chouettes trucs comme tondre la pelouse et se servir d’un tournevis electrique et d'un marteau. Celui qui a les bras si grands qu’il peut lui faire toucher le plafond. Celui qui va jouer au ballon de basket dans le living room, tant pis si on casse quelques bibelots. Celui qui va faire une grosse bataille d’oreillers juste avant l’heure du lit. Celui qui ne se depeche JAMAIS et qui ne dit jamais: vite, depeche toi, ca suffit maintenant, il est l’heure de…

Alors forcement depuis quelques mois il est celui vers qui il va quand il a un chagrin. Celui pour lequel il pleure quand il s’en va. Celui qui est le compagnon de jeu prefere. Dans ces instants j’ai l’impression que mon coeur se vrille. Et j’ai un sale gout dans la bouche qui vient sans doute de tous ces sentiments, la rancoeur, la tristesse, la jalousie, l’auto-detestation, l’impuissance.

Comme disait Calimero, c’est trop injuste.

*Plunket est une organisation neo-zelandaise, un peu comme la PMI en France mais en 10 fois mieux.

PS Me relisant quelques heures plus tard je me deteste d'ecrire un post si negatif et qui peut paraitre parano (c'est ce que DP dirait s'il connaissait l'existence de ce blog). Mais je resiste a la temptation de l'effacer. Car apres tout je ne peux pas nier que ce sont mes vrais emotions et sentiments.

Citizenship


Comment la Nouvelle Zelande m’a t-elle changee?

- Mes convictions politico socio economiques sont passees de la gauche traditionnelle et idealiste a une gauche plus proche du centre et plus realiste.
- Je me suis mise aux medecines alternatives [notamment l’homeopathie tres reconnue ici] et je remets de plus en plus souvent en question certaines pratiques de la medicine occidentale.
- Je ne porte quasiment plus de maquillage et porte des tongs en plastique le weekend 6 mois sur 12.
- Ma vie culturelle en a pris un sacre coup.
- J’accepte mieux mes rondeurs car je fais partie de la categorie “plutot mince” ici (vs. bien trop grosse en France).
- J’attache beaucoup moins d’importance aux biens de consommations.
- Je passe beaucoup plus de temps dehors et j’aime ca.
- J’ai besoin de voir la mer au moins une fois par jour.
- J’apprecie dans toute leur richesse la culture, le patrimoine et la gastronomie de la France.
- J’ai une enorme frustration de voyage, comme une sorte de claustrophobie insulaire.
- Je suis plus tolerante avec les pratiques religieuses et croyances de chacun malgre mon atheisme indelebile.
- Je suis definitivement amoureuse de la langue anglaise et je devore avec un plaisir infini tous ces auteurs dont les subtilites de style ne sont plus impenetrables [je viens de finir Dalva de Jim Harrison, et ce roman est desormais dans mon top 20].

lundi 1 octobre 2007

Channel launch


Hier c'etait le grand jour, celui du lancement de la chaine (la premiere chaine numerique free to air en Nouvelle Zelande) TVNZ 6, lancement pour lequel je suis chef de projet (ou devrais-je dire j'etais) depuis le debut de l'annee.

350 invites dont les grosses huiles comme le ministre de l'audiovisuel, la presse, etc. La tension dans l'equipe etait intense jusqu'au compte a rebours dirige par le ministre 10 secondes avant le lancement a 10 heures du matin.

J'ai meme verse ma petite larme (comme a tout mariage, enterrement, naissance, concert de chorale, gala de danse - aboutissement ou performance publique en tout genre) tandis que Little Poppet se demandait comment il pourrait subtiliser la machine a bulles en forme de requin de la jolie fee rose.

Des mois de dur labeur, de decouverte et d'apprentissage, de fous rires et de crises de nerf, de reunions houleuses en reunions laborieuses ont porte leurs fruits. Aujourd'hui je me sens comme apres mes derniers examens et l'obtention du diplome: epuisee, soulagee, un petit peu fiere du resultat et un peu nostalgique que cette page soit tournee.

Demain je saurais a quelle sauce je serai mangee [sur quel nouveau projet TVNZ envisage de m'utiliser].