mardi 19 juin 2007

Amnesia


Dimanche soir je suis tombee sur les centaines de photos et de videos de Little Poppet que nous avons faites, jour apres jour, et classees par mois dans notre ordinateur.

J’ai tout d’abord ouvert le dossier contenant les photos prises quelques instants apres la naissance. Lui tellement enorme et moi tellement fatiguee et tellement fiere. Tout ensanglantes et tout accroches l’un contre l’autre comme pour mieux faire face a ce grand bouleversement. Bizarrement ces images, dans mon cerveau et sur l’ecran, ressemblent plutot a celles d’un reve qu’a la realite.

Une fois ce premier diaporama termine, je n’ai pas pu m’empecher malgre l’heure tardive de parcourir un a un chaque mois depuis sa naissance. Et de m’apercevoir que je ne reconnaissais pas mon propre enfant. Comme si je regardais les photos d’un autre bebe. Je me demande si c’est parce que la fatigue m’a empeche d’imprimer de maniere permanente ces moments dans ma memoire. Ou si c’est parce que son image actuelle occupe une trop grande place dans mon cerveau et efface les precedentes de maniere systematique.



Toujours est-il que c’est un sentiment desagreable. Regarderais-je les photos d’aujourd’hui dans quelques mois et me dirais-je la meme chose? Que restera-t-il dans ma propre tete de tous ces moments incroyables? Rien qui ne les lie a ces images numeriques et numerotees?

mercredi 13 juin 2007

High expectations



Apres avoir ete inspiree par Christie, j’ai bookee a la derniere minute et avec la totalite de nos maigres ecomomies un sejour de 5 jours et demi a Noosa, sur la Sunshine Coast australienne.




Le contexte:
– Nous avions envie d’un peu de soleil et farniente et de quality time avec Little Poppet (LP), qui est dans une phase tres rigolote a tout juste 13 mois.
– Nous n’avions pas eu de vraies vacances (a part les retours annuels en France dans les 2 familles respectives) depuis plus de 5 ans.
– Nous avions de grosses decisions a prendre et pas le temps d’en discuter correctement le soir ou le weekend.
– Gross stress dans nos boulots respectifs ces dernieres semaines.
– Nous traversons une sorte de creux dans notre couple.


The bad:
– 4 jours de pluie continuelle type moussons.
– Dear Partner (DP) pendu au telephone pendant plusieurs heures, gerant une grosse crise professionnelle a distance
– De longues discussions assez tendues et toujours poussees par moi-meme comme un cheval mort
– Mes ranianias qui se pointent le premier jour des vacances avec une semaine d’avance… ouais, bad timing comme on dit.
– La mauvaise idée d’aller faire du bikini shopping pour une size 14 qui couvre bien les vergetures ventrales et autres bourrelets post partum.

The good:
- Une rencontre inopinee avec une quizaine de kangourous tres sympas (see photo below). Ils ont sauté a travers champs, leche les petits doigts de LP, le petit bebe a meme sorti la tete de la poche de sa mere au moment ou j’appuyais sur l’appareil photo. Merci les copains.
- Le 24h/24 tous les 3. Comme une vraie famille en vacances, pour la toute premiere fois. Avec les calins et les fous rires dans le lit parental au petit matin. Les siestes sur les canapés geants (berces par le bruit des pluies torrentielles). Les chateaux de sables (sous la pluie).
- Les decisions prises sur la date du retour en France et le second bebe, prises a l’arrachee mais prises d’un commun accord tout de meme.
- L’excruciating but so beneficial séance d’exercises tiree de “Les Couples Heureux Ont Leurs Secrets.
- Le Bistro C au bord de la plage, trendy meme sous le deluge et tres child friendly, avec un “skinny latte” a tomber par terre.
- LA journee de beau temps au milieu du sejour, passée a la plage de 7h du mat’ a 5 heures du soir avec des baignades dans une eau a 23 degres et du bronzing dans un air a 26…




So, what do you reckon? Pretty worth it? Ouaip, mais je ne peux pas m’empecher de me dire que ca aurait pu, aurait du, etre MIEUX.

Je crois qu'il faut que j’apprenne a gerer mes “high expectations”… comment on dit deja en francais?

mardi 12 juin 2007

Home is where the heart is

Samedi soir – test match All Blacks contre Quinze de France. Nous dinions pour l’occasion a PASTIS, le tout nouveau resto de notre ami Alex, attables devant un cassoulet et un ecran geant.
La vue etait un peu bouchee par une bonne cinquantaine de backpackers francais bien excites. Ils ont chante la Marseillaise a tue-tete puis siffle l’entree des joueurs en noir. J’ai eu malgre moi un sentiment d’irritation violent quand la Marseillaise et ses paroles sanguinaires ont remplies la salle, sentiment qui a fait place a une vraie emotion en ecoutant le God Defend New Zealand*, moi la petite frenchie athee.

Et puis comme a chaque fois, une petite larme a l’oeil pendant le haka (j’aime encore plus la nouvelle version).

En pensant a ces differentes emotions, et en faisant le parallele entre les mots de ceux 2 hymnes, censes representer quelque part les valeurs intrinseques d’une nation, je me demande si l'on a bien fait de decider de rentrer en France pour de bon au printemps 2009…


*God Defend New Zealand

Ihoā Atua,
O ngā iwi mātou rā
Āta whaka rongona;
Me aroha noa
Kia hua ko te pai;
Kia tau tō atawhai;
Manaakitia mai
Aotearoa

God of Nations at Thy feet,
In the bonds of love we meet,
Hear our voices, we entreat,
God defend our free land.
Guard Pacific's triple star
From the shafts of strife and war,
Make her praises heard afar,
God defend New Zealand.

jeudi 7 juin 2007

An hour with Andrei Makine

Il me faut de temps en temps reconnaitre les extraordinaires avantages de mon expatriation en Nouvelle Zelande.
J'ai parfois l'opportunite de faire des choses qui seraient tres improbables en France. Comme de participer a une emission de radio francophone hebdomadaire (en tant qu'animatrice avant l'arrivee de Little Poppet, en rubricarde occasionnelle desormais). C'est dans ce cadre que j'ai organisee une interview avec Andrei Makine lors de son passage a Auckland pour le Readers and Writers Festival. Me presentant comme le seul media francophone dans cette ville, son agent a tout simplement repondu un bref" Sure, when?" a mon premier email.
En tant que lectrice et admiratrice de cet auteur, je dois avouer que j'etais plutot intimidee par cette interview, moi d'habitude si bavarde. D'abord j'avais peur de trebucher sur mon francais qui devient boiteux, alors qu'il manie cette langue avec un style tres pur, presque d'un autre temps. Et puis apres l'avoir ecoute pendant plus d'une heure au festival la veille de notre entretien, dans cette 'Heure avec Andrei Makine", j'etais persuadee qu'il allait trouver mes questions et ma conversation bien insipides.
En fait il fut charmant et je suis raisonnablement satisfaite du resultat (on air on June 10, Planet FM 104.6 Auckland). J'ai particulierement apprecie sa description de l'appropriation d'une oeuvre par un lecteur, moi pour qui la lecture est quelquechose de tellement absorbant et tellement personnel. Ses propos sur la langue et le style, le fait que chaque auteur cree sa propre langue avec son style (je cite: "Qu'est-ce que ca veut dire la langue? Le francais de Monsieur Dupont n'est pas le meme francais que celui de Proust."). Je ne regrette qu'une chose, ne pas avoir reussi malgre mes questions insidieuses a soulever le couvercle de l'ecrivain pour entrevoir la vraie personne.
Voici ma derniere question et sa reponse, en avant premiere pour vous chers lecteurs virtuels:
Pour finir, pretons-nous a un petit jeu. Ici les maoris ne se presentent pas traditionnellement en donnant leur prenom et leur nom de famille mais en donnant le nom de leur montagne, de leur riviere, de leur tribu et de leur waka, ce dernier etant le bateau qui a amene leurs ancestres jusqu'en Nouvelle Zelande. Comme un questionnaire de Proust mais a la mode de chez nous si vous voulez.
Alors quel serait votre riviere:
Jenissei, c'est un immense fleuve qui traverse du sud au nord la Siberie.
Votre montagne?
Pour faire plaisir aux francais je dirais le Mont Blanc mais il appartient aussi aux italiens, aux suisses donc on reste dans cette optique internationale vous voyez.
Votre tribu?
La tribu des humains tout simplement. Il faut toujours garder en tete qu'on est une toute petite poussiere sur cette planete, ce serait beaucoup plus simple et beaucoup moins violent si l'on pensait que malgre toutes ces divisions de races, de couleurs, de nations, on est tres peu nombreux et surtout tres fragiles.
Et votre waka:
Quelle question! Tout simplement une tres vieille barque qui avait echoue au bord de la Volga pendant mon enfance et qui etait reste a moitie enterree. Pour moi enfant, c'etait tout un monde d'aventures, je montais dans cette barque et je savais qu'elle ne partirait plus jamais mais c'etait l'imagination qui me faisait voyager. J'etais dans cette barque echouee et je revais de continents lointains. Finalement mon waka comme vous dites c'est l'imagination.