Il me faut de temps en temps reconnaitre les extraordinaires avantages de mon expatriation en Nouvelle Zelande.
J'ai parfois l'opportunite de faire des choses qui seraient tres improbables en France. Comme de participer a une emission de radio francophone hebdomadaire (en tant qu'animatrice avant l'arrivee de Little Poppet, en rubricarde occasionnelle desormais). C'est dans ce cadre que j'ai organisee une interview avec Andrei Makine lors de son passage a Auckland pour le Readers and Writers Festival. Me presentant comme le seul media francophone dans cette ville, son agent a tout simplement repondu un bref" Sure, when?" a mon premier email.
En tant que lectrice et admiratrice de cet auteur, je dois avouer que j'etais plutot intimidee par cette interview, moi d'habitude si bavarde. D'abord j'avais peur de trebucher sur mon francais qui devient boiteux, alors qu'il manie cette langue avec un style tres pur, presque d'un autre temps. Et puis apres l'avoir ecoute pendant plus d'une heure au festival la veille de notre entretien, dans cette 'Heure avec Andrei Makine", j'etais persuadee qu'il allait trouver mes questions et ma conversation bien insipides.
En fait il fut charmant et je suis raisonnablement satisfaite du resultat (on air on June 10, Planet FM 104.6 Auckland). J'ai particulierement apprecie sa description de l'appropriation d'une oeuvre par un lecteur, moi pour qui la lecture est quelquechose de tellement absorbant et tellement personnel. Ses propos sur la langue et le style, le fait que chaque auteur cree sa propre langue avec son style (je cite: "Qu'est-ce que ca veut dire la langue? Le francais de Monsieur Dupont n'est pas le meme francais que celui de Proust."). Je ne regrette qu'une chose, ne pas avoir reussi malgre mes questions insidieuses a soulever le couvercle de l'ecrivain pour entrevoir la vraie personne.
Voici ma derniere question et sa reponse, en avant premiere pour vous chers lecteurs virtuels:
Pour finir, pretons-nous a un petit jeu. Ici les maoris ne se presentent pas traditionnellement en donnant leur prenom et leur nom de famille mais en donnant le nom de leur montagne, de leur riviere, de leur tribu et de leur waka, ce dernier etant le bateau qui a amene leurs ancestres jusqu'en Nouvelle Zelande. Comme un questionnaire de Proust mais a la mode de chez nous si vous voulez.
Alors quel serait votre riviere:
Jenissei, c'est un immense fleuve qui traverse du sud au nord la Siberie.
Votre montagne?
Pour faire plaisir aux francais je dirais le Mont Blanc mais il appartient aussi aux italiens, aux suisses donc on reste dans cette optique internationale vous voyez.
Votre tribu?
La tribu des humains tout simplement. Il faut toujours garder en tete qu'on est une toute petite poussiere sur cette planete, ce serait beaucoup plus simple et beaucoup moins violent si l'on pensait que malgre toutes ces divisions de races, de couleurs, de nations, on est tres peu nombreux et surtout tres fragiles.
Et votre waka:
Quelle question! Tout simplement une tres vieille barque qui avait echoue au bord de la Volga pendant mon enfance et qui etait reste a moitie enterree. Pour moi enfant, c'etait tout un monde d'aventures, je montais dans cette barque et je savais qu'elle ne partirait plus jamais mais c'etait l'imagination qui me faisait voyager. J'etais dans cette barque echouee et je revais de continents lointains. Finalement mon waka comme vous dites c'est l'imagination.
1 commentaire:
Ah ah, tu t'es (re)lancée dans la blogosphère, bravo! En espérant que Finn te laissera le temps de poursuivre cette aventure...
Merci pour ta réponse, pour cet éclairage, et je regrette bien d'être trop loin pour capter les ondes neà-zélandaises! Mais peut-être peut-on ré-écouter l'émission sur Internet?
Longue vie au bout du monde!
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