mardi 2 octobre 2007
Stomach-turning resentment
Je l’ai porte pendant 9 mois. Je l’ai mis au monde, je l’ai nourri de mon corps pendant 10 mois. Je l’aime de plus en plus chaque jour. Je ne me lasse pas des calins et des bisous, des fous rires quand on danse avec la musique a fond ou que l’on joue a cache a cache derriere le canape ou les rideaux, des nouveaux mots avec lesquels il repond parfaitement a mes questions. Je sais que je ne suis pas du tout objective mais je le trouve beau et tres intelligent et tres rigolo.
Je suis celle qui se leve la nuit car j’entends ses moindres cris. Je suis celle qui cuisine ses petits plats, bio et equilibres et qui prepare sa lunch box chaque jour, qui lave ses vetements et les range, qui prend RDV chez le docteur, chez Plunket*, qui paye la facture de la nounou et assure la communication avec son organisation. Le vendredi je l’emmene a la piscine, au zoo, a la ferme, au playground ou au musee. Je range et range et range et range et nettoie derriere lui. Je lis des livres sur les enfants bilingues, sur les differentes facons d’elever son enfant pour essayer de prendre du recul et de faire de mon mieux. J’en discute avec d’autres mamans. Je ne vois plus trop mes copines qui n’ont pas d’enfants, par manque de temps. Je m’etais plus ou moins preparee a tout cela, le role souvent ingrat de la Mere.
Ce a quoi je ne m’etais pas preparee c’etait au role de la mechante penible rabat-joie.
Je suis celle qui chaque matin court partout et pousse au train pour ne pas avoir une demi-heure de retard au travail. Vite, arrete de jouer et viens manger ton petit dejeuner s’il te plait. Non on doit ranger la voiture et mettre les chaussures MAINTENANT. Idem le soir pour qu’il se couche a une heure raisonnable et sans etre surexcite. Idem le weekend pour qu’il puisse faire sa sieste et ne pas etre grumpy le reste de la journee.
Pendant ce temps la, son pere est celui qui fait des chouettes trucs comme tondre la pelouse et se servir d’un tournevis electrique et d'un marteau. Celui qui a les bras si grands qu’il peut lui faire toucher le plafond. Celui qui va jouer au ballon de basket dans le living room, tant pis si on casse quelques bibelots. Celui qui va faire une grosse bataille d’oreillers juste avant l’heure du lit. Celui qui ne se depeche JAMAIS et qui ne dit jamais: vite, depeche toi, ca suffit maintenant, il est l’heure de…
Alors forcement depuis quelques mois il est celui vers qui il va quand il a un chagrin. Celui pour lequel il pleure quand il s’en va. Celui qui est le compagnon de jeu prefere. Dans ces instants j’ai l’impression que mon coeur se vrille. Et j’ai un sale gout dans la bouche qui vient sans doute de tous ces sentiments, la rancoeur, la tristesse, la jalousie, l’auto-detestation, l’impuissance.
Comme disait Calimero, c’est trop injuste.
*Plunket est une organisation neo-zelandaise, un peu comme la PMI en France mais en 10 fois mieux.
PS Me relisant quelques heures plus tard je me deteste d'ecrire un post si negatif et qui peut paraitre parano (c'est ce que DP dirait s'il connaissait l'existence de ce blog). Mais je resiste a la temptation de l'effacer. Car apres tout je ne peux pas nier que ce sont mes vrais emotions et sentiments.
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5 commentaires:
1. Demandez au papa d'inverser les rôles. C'est possible.
2. S'il ne le fait pas, dites-vous bien que le jour viendra où ce papa devra à son tout poser des obligations et des interdits. Et qu'il n'aura pas le choix sauf à perdre son prestige. Les enfants, sur la durée, ne sont jamais dupes.
3. J'ai lu l'ensemble des tâches que vous accomplissez pour votre petit prince. Puis-je vous conseiller de ne pas trop en faire, de vous donner le droit, salutaire pour lui comme pour vous, d'être un parent imparfait ?
N'efface rien, nous sommes toutes dans le même bain! J'y reviens plus tard, là il faut que je tire du lit mes zèbres endormis, nous sommes déjà à la bourre, vite, vite, mais non, tu n'as pas le temps de lire, dépêche-toi de finir ton petit dej, mais où est ton pull, viiite, on est en retard!
Bienvenue PMB.
Oui j'ai plusieurs fois demande au papa d'inverser les roles, sans succes. Ce n'est pas dans sa nature d'etre organise ou de se depecher ou d'etre a l'heure. Je crois que c'est une bataille perdue d'avance...
Quant a mon droit d'etre une mere imparfaite, je l'utilise. Sans doute pas assez souvent il est vrai. Je me rends compte que cette liste de choses que je fais pour lui parait lourde et negative dans ce post alors que la plupart de ces choses, je prends plaisir a les faire pour ou avec lui! C'est ce decalage des roles qui me pese surtout. Et puis je finis toujours par etre comparee inconsciemment ou non a la belle mere ou a la belle soeur qui sont des meres parfaites...
A tres vite Lola.
Bon, me revoilà. D'abord, encore une fois, il me faut répéter: pour moi, tout pareil. Et pour elle. Et pour elle.
Je dois reconnaître que mes convictions féministes ont été battues en brèche par la réalité quotidienne. Il semble bien que la répartition des rôles s'établisse doucement, l'air de rien, et devienne immuable: à la mère, l'intendance, au père les jeux et expériences!
Cela dit, deux choses: j'impose à l'homme de prendre son tour (notamment, en lui laissant mes deux zèbres sur les bras, de temps en temps: à lui les repas, les lessives, la préparation des cartables, héhé! Mais il faut bien dire qu'il m'a fallu du temps avant de les laisser tous les trois, et que je ne pars jamais sans laisser une montagne de recommandations et plusieurs pages de notes sur le frigo...)
Et d'autre part, attends encore un peu, et ton fiston arrivera à la phase Oedipe, tu verras, il n'y aura plus que maman au monde...
A ce propos, j'adore l'interprétation de cette étape décisive dans la vie d'un enfant par La Grande Chose:
http://touslesjourslagrandechose.blogspirit.com/archive/2007/01/19/mon-co-loc.html
Après toutes ces années de "coercition", je constate avec étonnement émerveillé que nos enfants ne nous en tiennent nullement rigueur, au contraire. Chez nous, les rôles n'étaient pas aussi clairement distincts (l'un oblige et interdit et l'autre amuse et fait la fête) mais il y avait quand même (il y a toujours d'ailleurs) celui qui aboie mais ne mord pas et celle qui n'aboie pas (sauf, façon roquet - comme disent les enfants - en temps de crise) mais qui mord et se fâche silencieusement. Mais toute imparfaite que je me sois sentie, eux ne le percoivent pas comme cela, au contraire. Même s'ils râlent un peu, beaucoup, à la folie parfois....
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